Justifications didactiques et pédagogiques pour l'activité Gymnastique
Le parcours multi agrès proposé est composé de 8 ateliers séparés. L'enchainement des éléments entre eux n'est pas abordé au niveau 1 (fait l'objet d'un apprentissage au niveau 2). La variété des agrès permet un enrichissement de la motricité (OBJECTIF n°1 de la discipline). En effet, la variation des situations autour d'une même action (tourner, se renverser) permet la sollicitation des ressources de l'élève. Leur mobilisation et leur développement deviendront effectifs lorsque les situations proposées seront adaptées au niveau de l'élève et que l'intensité de la pratique sera suffisante. Dès lors, nous optons pour un nombre important d'ateliers (8), et de 4 niveaux de réalisation. Cela permet des petits groupes d'élèves sur chaque atelier et des répétitions importantes.
Cependant, l'objectif doit rester la réussite des élèves sur tous les ateliers. Il ne s'agit donc pas de proposer beaucoup d'ateliers pour être sûr que les élèves en réussissent 2 ou 3.
C'est pourquoi les différents ateliers restent centrés sur les actions tourner et se renverser, la réalisation d'un atelier favorisant la réussite d'un autre. La similitude entre l'atelier roulade avant et les rotations transversales aux barres en est une illustration.
D'autre part, amener les élèves à la réussite d'un élément sur chaque atelier est une première étape indispensable, facilitée par le faible niveau d'exigence des niveaux 1 que nous proposons. En effet il nous parait indispensable de parvenir à ce que tous les élèves puissent vivre les changements de repères, les ajustements de positions du corps et les émotions induites par les différentes situations. Ainsi, les aménagements matériels, la minoration de certaines phases de l'élément, la diminution du risque perçu permet au niveau 1 de mettre les élèves en réussite tout en préservant les caractéristiques essentielles de l'activité.
De fait, la réussite d'un élément reste conditionnée à l'atteinte d'un critère de réussite mentionnée dans les termes « l'élément est réussi si ... » complété par un degré supérieur de maîtrise ( « l'élément est réussi et bien réalisé si... »).
Ensuite, le fait de favoriser la réussite des élèves sur tous les ateliers n'est pas à interpréter comme une façon de réduire le niveau d'exigence. En effet, la définition du seuil d'exigence permettant d'attester l'atteinte du niveau 1 de compétence de gymnastique impose entre autre une prestation équivalente à la réalisation de 8 éléments de niveau 2. La présentation d'un élément d'un élément de niveau 1 sur un atelier doit donc être compensée par un élément de niveau 3 sur un autre atelier. Nous avons retenu cette modalité afin de permettre à un maximum d'élèves d'atteindre la compétence de niveau 1 tout en garantissant un seuil d'exigence suffisant.
Afin de conserver le caractère d'épreuve relatif à la présentation d'éléments devant un groupe de camarades, l'évaluation a lieu en fin de cycle. De plus, cela permet de finaliser le travail fournit sur le cycle tout en permettant une comparaison entre les élèves, objectivée par l'activité de juge. Cela permet véritable bilan d'étape pour l'élève et l'enseignant, tant au niveau de l'atteinte des compétences que de la mise en projet de l'élève sur le cursus. Néanmoins, le caractère solennel de la présentation en fin de cycle est relativisé par les modalités d'évaluation qui permettent un 2ème essai pour un élément raté (joker possible une seul fois) et une aide pour la réalisation de 2 éléments.
Un autre impératif a guidé nos propositions : celui d'être simple (et non simpliste) dans le choix et dans l'explicitation des éléments demandés. Ainsi, chaque élément se rapporte à un atelier (de A1 à A8) et correspond à un niveau identifié (N1 à N4). Chaque élément est défini par :
Une position de début
Une position de fin
Un critère de réussite « l'élément est réussi si... »
Un degré supérieur de maîtrise « l'élément est bien réalisé si... » qui s'ajoute au critère de réussite.
Ces quatre éléments sont formulés en termes simples et concrets afin de pouvoir être manipulés par les élèves. Cette volonté d'être clair pour les élèves impose l'occultation de certains paramètres du mouvement (parfois la tenue de corps ou l'amplitude par exemple). Ces paramètres ne doivent cependant pas être délaissés par l'enseignant qui doit mettre en évidence leur importance tant au niveau de l'efficacité motrice que d'un point de vue esthétique. Dans tous les cas, le respect des positions (début et fin) et des critères -permettant de dire que l'élément est réussi et bien réalisé- assure que l'élève en activité mobilise ses ressources pour acquérir les habiletés motrices nécessaires à l'atteinte de la compétence visée.
La caractérisation des éléments ainsi faite permet aux élèves de percevoir leur niveau d'habileté en référence au code commun.
Le choix des éléments a été orienté par la commande institutionnelle de permettre la production des actions tourner et se renverser. Nous nous sommes placés également dans une perspective plus large visant à produire des éléments de base, témoin de l'appropriation d'une culture de l'APSA (OBJECTIF n°3 de la discipline). Ainsi, les constructions progressives de l'ATR et de la roue sont centrales pour nous en tant que formes corporelles renversées, tournées, sollicitant des appuis manuels et communément identifiées comme témoignant d'une habileté gymnique. Dans tous les cas les éléments choisis sont des étapes dans la construction d'habiletés plus élaborées qui s'opérationnaliseront dans les niveaux de compétence ultérieurs plaçant ainsi nos propositions dans une logique de cursus pour l'élève.
Enfin nous accordons à la dimension méthodologique et sociale un rôle de facilitateur de l'acquisition des aspects moteurs de la compétence. Par conséquent, les rôles d'assistant et de juge ne sont pas des fins en soi mais permettent pleinement l'acquisition de nouveaux pouvoirs moteurs. A titre d'exemple et de manière non exhaustive l'assistant qui est capable d'aider un camarade à réaliser un élément construit des repères quant à la position du corps de l'espace, des actions à mettre en œuvre, des segments à mobiliser. L'élève qui apprend à juger la prestation d'un camarade acquiert certes des compétences relatives au respect de l'autre et de ses productions (OBJECTIF n° 2 de la discipline) mais acquiert également des connaissances et compétences relatives à l'identification des positions de références, des exigences de précision dans la réalisation et des conséquences des choix effectués par ses pairs.

