Justifications didactiques et pédagogiques pour l'activité Gymnastique
Nous plaçons d'emblée le niveau 2 de compétence en gymnastique sportive au sein d'un continuum allant du niveau 1 au niveau 4 voire 5 au lycée. Ainsi les élèves ayant validé le niveau 1 de compétence maîtrisent un ensemble d'éléments séparés sur des agrès variés. Le niveau 2 vise alors à lier des éléments (déjà maîtrisés ou de nouveaux) entre eux afin de présenter un enchaînement. Une étape est franchie vers la situation de référence ; elle se poursuivra au lycée avec les niveaux suivants.
La notion d'enchaînement au niveau 2 s'entend comme la succession des éléments entre eux sans phase d'arrêt. Dès lors, les éléments déjà maîtrisés ainsi que ceux à acquérir vont devoir être modifiés dans leur forme afin d'être liés entre eux. En effet, lors de l'exécution consécutive de deux éléments, l'élève gymnaste est amené à modifier la dernière phase du premier élément ainsi que la phase initiale du second afin d'optimiser la transition. Cet apprentissage requiert la prise de repères différents, l'identification de formes techniques adaptées et la mise en œuvre de coordinations nouvelles.
Dans un cadre plus général, la notion d'enchaînement renvoie également à une prestation construite avec des éléments à placer en début, au milieu, en fin, des transitions à effectuer et une mémorisation de l'ensemble.
Dans notre proposition, le niveau 2 est une étape intermédiaire avec le niveau 3 dans le sens où l'élève est amené à construire son enchaînement certes mais de manière cadrée et structurée dans la forme. Le fait de construire un enchaînement plutôt que de travailler un enchaînement déjà conçu apparaît plus motivant pour nos élèves qui ont ainsi une prise sur leur engagement physique. Cependant, la construction d'enchaînement est un processus exigeant. C'est pourquoi nous proposons aux élèves une trame d'enchaînement intégrant des éléments à choisir et des éléments imposés pour l'ensemble de la classe, le tout dans un ordre imposé.
Ce cadre constitue un contexte rassurant pour nos élèves angoissés devant ce qui peut s'apparenter au « syndrome de la page blanche ». Tout n'est pas à construire : la connaissance de leurs possibilités, leur travail et l'observation par des camarades les orientent dans la recherche des éléments les plus adaptés. Il s'agit dès lors de choisir un élément par famille et de l'intégrer dans l'enchainement pour ensuite travailler les liaisons entre eux.
La complexité de la compétence attendue impose de fait une réduction du nombre d'agrès à investiguer par nos élèves. Il apparaît que 2 agrès soient un nombre maximal afin de viser avec un maximum de réussite le niveau 2 de compétence en gymnastique sportive. Nous avons retenus le sol comme support de l'enchaînement à présenter pour sa praticité et la possibilité d'y installer de nombreux ateliers de travail. D'autres agrès (barres parallèles, barres asymétriques, poutre) se prêtent néanmoins tout aussi bien à notre démarche qu'il suffit de transposer.
Nous avons également opté pour l'intégration à notre tâche complexe du saut de cheval. Les élèves doivent y réaliser un saut lune classé en 4 niveaux. Cet élément présente un triple intérêt pour nous.
Il combine les actions voler, tourner et se renverser donnant ainsi corps à la compétence
Il permet grâce à l'impact émotionnel qu'il procure auprès des élèves de dynamiser leur engagement (et ainsi contrebalancer les stratégies de faible prise de risque de certains de nos élèves)
Il permet de concentrer l'attention de tous les élèves sur un seul élément. Ce référent commun permet d'approfondir plus encore certains aspects de biomécanique simple (angle d'attaque, angle d'envol, vitesse initiale) et de prises de repères. Il devient aussi possible de faire acquérir des connaissances de jugement plus spécifiques.
En effet, le jugement par les élèves se complexifie par rapport au niveau 1. Il se concentre certes sur un seul élément (un seul saut lune) mais les élèves ne sont plus seulement amenés à noter la réalisation globale de l'élément.
D'abord il s'agit de reconnaître le niveau de réalisation du saut (parmi 4 niveaux) : ce qui correspond à la note de difficulté dans la pratique de référence
Ensuite il s'agit d'identifie les niveaux de réalisation de l'élément quant à la forme de corps du gymnaste et à sa réception : correspond à la note d'exécution.
La note formulée par l'élève juge est l'addition de ses deux paramètres.

