Analyse de la compétence niveau 2 en Rugby

L'analyse des éléments de la compétence attendue en Rugby niveau 2, nous amène à dégager une démarche d'enseignement et à construire des contenus à aborder avec des élèves n'ayant aucun vécu dans l'activité :

Termes/compétence

Interprétations et obligations

Choix didactiques et pédagogiques

“... Dans un jeu à effectif réduit, ...”

L'aménagement de la pratique (règlement, nombre de joueurs, taille du terrain) doit permettre des conditions optimales d'apprentissage.

Ainsi la pratique en effectif réduit contribue à garantir une quantité de pratique satisfaisante. Cependant, le nombre de joueurs par équipe doit être suffisant pour pouvoir en permanence proposer la possibilité de jouer axialement ou latéralement. Le rôle des joueurs NPB devient d'ailleurs primordial, aussi bien en attaque qu'en défense (replacement, anticipation du temps de jeu suivant).

D'autre part, il n'est plus fait référence à la limitation de largeur du terrain puisque une largeur importante est nécessaire à la possibilité de jeu déployé. En outre, les élèves ont construit une motricité de combattant pour valider le niveau 1, leur garantissant alors d'évoluer dans un contexte sécuritaire.

  • Proposer des situations de jeu à effectif complet en 7x7 ou 8x8.

  • Faire évoluer les équipes sur un terrain dont la largeur équivaut à 3m par joueur.

  • Passer d'une distance de charge de 3m en début de cycle à une distance de charge de 5m maximum en fin de cycle.

  • Favoriser les situations de jeu à effectif complet afin de construire et coordonner au sein de l'équipe l'alternative entre jeu axial et jeu latéral, enjeu principal du niveau 2.

“... rechercher le gain d'un match ...”

Le fondement culturel du Rugby doit être respecté : s'engager dans une lutte collective réglementée en se mobilisant pour s'assurer le gain de cette lutte et en éviter la perte.

Si la valorisation du gain de la rencontre est essentielle pour ne pas dénaturer la logique interne de l'activité, il est également primordial de mettre en avant la « recherche » de ce gain, qui renvoie aux moyens mis en œuvre par les joueurs et donc au niveau de compétence exprimé.

  • Organiser des rencontres équilibrées (équipes de même valeur) afin que le gain du match soit accessible pour les deux équipes.

  • Proposer un système de « score parlant », mettant en valeur les contenus d'enseignement abordés, qui permet aux élèves de se situer par rapport au niveau de compétence à atteindre.

  • Valoriser dans ce « score parlant » le gain du match.

  • Valoriser dans ce « score parlant » l'accès un bonus offensif ou à un bonus défensif, afin de solliciter la recherche de la meilleure performance collective possible.

“... en enchaînant des actions offensives basées sur l'alternative de jeu en pénétration ou en évitement ...”

Le rôle d'attaquant invite, à ce niveau, à créer et exploiter un surnombre frontal ou latéral.

La coordination des joueurs entre eux devient centrale pour pouvoir assurer la conservation de la balle (notamment dans les regroupements) et la transformation du jeu. Le rôle de NPB est primordial (étayage, replacement en soutien latéral).

La gestion de l'alternative entre une offensive pénétrante (jeu groupé ou en relais) et une offensive contournante (jeu de courses et de passes) nécessite une prise d'information élargie (forces en présence sur toute la largeur du terrain, prise d'information simultanée sur le(s) adversaire(s) et le(s) partenaire(s)).

  • Proposer des situations de jeu à effectif complet en 7x7 ou 8x8 pour pouvoir alimenter continuellement la possibilité de jouer dans l'axe du terrain ou latéralement.

  • Matérialiser des zones latérales afin de mettre en valeur les forces en présence (surnombre offensif ou défensif) et faciliter la prise de décision des attaquants.

  • Valorisation de l'efficacité des actions offensives grâce à l'aménagement du score (possibilité de scorer en pénétrant dans la « zone des 10m » adverse, multiplication des points marqués en fonction du nombre de zones investies (zone centrale, zone latérale droite, zone latérale gauche) au cours de l'offensive.

  • Inclure la capacité à transformer le jeu (pour le déplacer dans une partie du terrain plus favorable à l'offensive) dans la comptabilité du score de l'équipe qui attaque.

“... face à une défense qui cherche à bloquer le plus tôt possible la progression du ballon.”

Le rôle de défenseur vise tout d'abord à empêcher les adversaires de progresser dans l'axe et à ne pas se faire déborder sur les côtés. A cet effet, un rideau défensif doit être constitué et alimenté en permanence sur toute la largeur du terrain (un joueur pouvant constituer un deuxième rideau pour pallier aux interventions défensives ratées).

L'efficacité défensive passe également par la capacité à déstabiliser le jeu adverse. La coordination des actions défensives (montée en ligne, plaquage/contest, blocage/arrachage) accroît la pression sur l'attaque et augmente les chances de récupérer la balle.

  • Proposer des situations de jeu à effectif complet en 7x7 ou 8x8 pour pouvoir alimenter continuellement la possibilité de défendre dans l'axe du terrain ou latéralement.

  • Matérialiser des zones latérales afin de mettre en valeur les forces en présence (surnombre offensif ou défensif) et faciliter le replacement défensif.

  • Valorisation de l'efficacité des actions défensives grâce au « pressiomètre » (outil de mesure de la pression exercée par la défense sur l'attaque au regard du terrain conquis/concédé et des conditions de récupération de la balle).

“S'inscrire dans le cadre d'un projet de jeu simple lié au franchissement de la ligne d'avantage.”

Le projet de jeu réside dans la capacité à déplacer la ligne de front (L.F.) au-delà de la ligne d'avantage * (L.A.), en attaque ou en défense, pour avoir un avantage numérique, et donc une pression favorable à l'avancement.

En attaque, ce projet repose sur le choix de la forme de jeu utilisée en fonction du placement adverse. L'alternative entre jeu groupé et jeu déployé, en s'appuyant sur la lecture de la réalité défensive, conduit à créer ou exploiter un surnombre favorable.

En défense, le projet consiste à coordonner les actions du plus grand nombre de joueurs pour exercer une pression défensive provoquant une erreur adverse ou l'isolement du PB.

La réalisation d'un tel projet de jeu oblige chaque joueur à se reconnaître comme intervenant immédiat (action autour du PB), ou comme intervenant futur (replacement à distance du PB)

* La ligne d'avantage est la ligne fictive parallèle à l'en-but qui départage momentanément le collectif en deux camps numériquement identiques. En jouant au-delà de cette ligne, une équipe possède plus de joueur en position de jouer en avançant que l'équipe adverse.

  • L'utilisation d'un « score parlant » permet à l'équipe de juger de l'efficacité du projet de jeu offensif (et des actions qui y sont relatives) au cours de la leçon, et tout au long du cycle.

  • L'utilisation d'un « score défensif » issu du « pressiomètre » permet à l'équipe de juger de l'efficacité du projet de jeu défensif (et des actions qui y sont relatives) au cours de la leçon, et tout au long du cycle.

  • Valoriser le rôle d'observateur (relevé de données sur des fiches d'observation) pour permettre la régulation du projet de jeu.

  • Lors des situations de match, le temps est arrêté après chaque essai marqué pour laisser un temps de régulation du projet collectif (le chrono redémarre avec la remise en jeu).

  • Le règlement doit inciter à la continuité du jeu (possibilité de remises en jeu rapides, pas de poussée défensive après la formation d'un ruck).

“Observer...”

Le rôle social d'observateur, dans la continuité des contenus abordés lors du niveau 1, doit permettre aux équipes et aux joueurs qui les constituent, tout au long du cycle, de se situer par rapport aux apprentissages attendus et de réguler le projet de jeu collectif.

Le recueil de données et leur synthèse offre un état des lieux de l'efficacité collective, tant en attaque qu'en défense. L'observateur peut aussi s'investir dans le débat concernant les éventuelles remédiations à apporter à ce projet.

L'expérience accumulée lors du niveau 1 et la plus grande maturité cognitive due à un âge plus avancé permet d'envisager le renseignement d'une fiche d'observation par un élève seul.

  • Le recueil des données relatives au « score parlant » permet à l'équipe de juger de l'efficacité du projet de jeu offensif.

  • Le recueil de données relatives au « pressiomètre » permet à l'équipe de juger de l'efficacité du projet de jeu défensif.

  • Valorisation du rôle d'observateur, qui peut communiquer les données « en direct » (à la fin d'une séquence de jeu) ou « en différé » (à la fin d'une période de jeu).

“...et coarbitrer. ”

Le niveau 2 est l'occasion d'investir un nouveau rôle. Face au projet ambitieux de diriger le jeu avec sécurité et équité, les élèves ont pour seul bagage leur expérience du niveau 1 (connaissance des règles fondamentales et reconnaissance des manquements à ces règles). Il convient alors de fournir un cadre propice au développement de l'assurance et de l'efficacité interventionnelle nécessaires pour assumer le rôle d'arbitre.

En premier lieu, la répartition de responsabilités différentes entre les coarbitres tend à simplifier l'intervention de chacun et ainsi éviter une surcharge cognitive.

En second lieu, il est nécessaire d'accorder un temps d'apprentissage conséquent à l'arbitrage, ainsi qu'une progressivité du nombre d'éléments à gérer par un coarbitre au fil des leçons.

  • Développer un coarbitrage à quatre : deux arbitres « au près » et deux arbitres « au large ».

  • Mise en place de l'arbitrage dans la majorité des situations d'apprentissage.

  • Etablir un système d'exclusions temporaires (très courtes) afin de marquer les interdits (gestes dangereux, attitudes ou paroles incorrectes) et le respect de l'arbitre (contestations des décisions arbitrales).

  • Instaurer un cérémonial autour du match pour développer l'esprit sportif (faire le silence en début de rencontre, serrer la main aux adversaires et à l'arbitre en fin de match).

  • Supervision de l'arbitrage par l'enseignant (intervention si jeu dangereux non signalé ou si erreur grossière).